La vallée de la Tarentaise, un bilan inégal

Inscrite dans la partie haute du cheminement de l’Isère, la province savoyarde abrite des domaines skiables parmi les plus réputés d’Europe. De 1500 €/m2 dans certaines bourgades de la plaine à 30.000 €/m2 au sein des luxueux appartements de Courchevel 1850, le site présente d’incroyables disparités de prix. De même, certaines communes prospèrent à nouveau, alors que d’autres accusent encore le coup.

Le Pays d’Art et d’Histoire doit davantage sa réputation aux stations de sport d’hiver qu’aux innombrables églises baroques qui parsèment son territoire. Distantes de 30 km, Moûtiers et Albertville, respectivement capitale et porte de la Tarentaise, peinent à se contenter des retombées du marché de la montagne, maigres depuis l’annonce de la crise survenue en octobre 2008. Avec 7650 habitants, Bourg-Saint-Maurice tire son épingle du jeu grâce à la gare TGV et au funiculaire ralliant Les Arcs et les 425 km de Paradiski. Plantée à 840 mètres d’altitude, elle arbore une majorité de logements individuels que côtoie un parc locatif et secondaire important. Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la localité se tourne naturellement vers le tourisme. A moyen terme, l’enjeu réside dans la gestion du transfert, au profit de Varces, de la caserne du 7e BCA, remplacée par le Centre national de ski de haut niveau. Pour l’heure, le taux de chômage demeure nettement sous la moyenne nationale, les jeunes sont scolarisés jusqu’au lycée et les commerces témoignent d’une belle diversité. Bozel, à peine plus de 2000 âmes, prend son essor sur un versant ensoleillé, au pied des Trois Vallées. Dans le centre, boutiques, administrations et zone artisanale restent fort actives. Bénéficiant d’une réputation dépassant largement les frontières du continent, Courchevel, Méribel, Val-Thorens, Mottaret, Saint-Bon, Le Praz, La Tania, Les Ménuires et Saint-Martin-de-Belleville composent l’illustre domaine. A 6 km au sud-est de Moûtiers et à 13 km au nord de Méribel, Brides possède une double casquette : aussi à l’aise dans le traitement de l’obésité, via les cures, que dans l’offre ski, depuis l’inauguration de la télécabine de l’Olympe rejoignant Méribel en 20 mn seulement, elle réunit des adeptes parmi les stars.

« Le mètre carré moyen atteint 2700 € dans les immeubles anciens de Bourg et 3300 € dans les programmes neufs, tandis que la maison savoyarde s’échelonne de 300.000 à 500.000 € », introduit Dominique Rivemalle d’Urbania Gacon Immobilier. Soumis à une activité en dents de scie, le spécialiste avoue ne pas percevoir les signes d’une reprise franche. La majorité des acquéreurs avance 150.000 € pour se loger à l’année, les résidents occasionnels s’avérant moins nombreux que par le passé. Les prix ont déjà baissé de 15-20 %, quand un recul net de 20-30 % aurait pu doper la demande. A Tignes, négocié à 4200-4400 €/m2, et aux Arcs 2000, de l’ordre de 2000 €/m2, les budgets sont moins conséquents et les acheteurs, plus fortunés ; autant de paramètres qui autorisent une élasticité supérieure.

Sarah Denney de RMP Immobilier est optimiste : « Le rayonnement de Courch rejaillit immanquablement sur Bozel. Les actifs du fleuron national trouvent là une adresse aussi agréable qu’accessible, comparée au spot ». L’appartement vaut de 2000 à 4000 €/m2, la maison de village de 80 m2 prolongée par un extérieur orienté sur les sommets, à partir de 200.000 €, et le chalet, entre 450.000 et 850.000 €, le montant requis pour 130-250 m2 utiles sur une parcelle agrémentée ou pas d’une piscine. Concrètement, l’intéressé débourse 150.000 € pour un T2/3 et 120.000 € pour une grange à rénover de 100 m2. A condition de faire l’objet d’une bonne estimation, tous les segments fonctionnent. En secondaire, un secteur responsable d’environ 30 % des transactions, les enveloppes oscillent de 200.000 à 400.000 €. La professionnelle évoque les ventes récentes d’une maison d’à peu près 140 m2 sans jardin, à 220.000 €, et d’une bâtisse aux belles prestations d’une superficie identique ouverte sur un parc, moyennant 335.000 €, obtenues sur Villarnard par un Belge et un Britannique en quête d’authenticité.

« Brides se porte mieux aujourd’hui qu’en 2006. La crise n’a eu pour seul effet qu’un changement comportemental : sur dix clients, huit paient désormais comptant », décrit Maurice Marion de Brides Immobilier. Tous recherchent un pied-à-terre de vacances. Si les Français se positionnent à l’achat, Russes et Anglais prennent d’assaut le locatif en hiver, qu’ils laissent volontiers aux curistes hexagonaux en basse saison. Considéré comme une excellente réserve patrimoniale, la ville thermale offre également une rentabilité de 7-8 % bruts. Les sollicitations l’emportant toujours sur le nombre de biens en fichier, les prix se maintiennent. Le collectif se situe entre 3000 et 4000 €/m2. Une belle unité individuelle de 180 m2 sur un terrain de 600 m2 tourne autour de 450.000 €, soit 2700 €/m2. Ici, toutes les catégories se portent bien. Le studio se vend d’ailleurs en trois semaines. Sur Courchevel, le produit intermédiaire, soit à 7000-8000 €/m2 sur 1650 et à 8000-12.000 €/m2 à 1850, souffre, contrairement à l’exception. A l’opposé, le bien au-delà de 120.000 € à Albertville ou Moûtiers pose des difficultés d’écoulement.