Le marché immobilier des bords de Rance

Secteur paisible et préservé constitué de verdoyantes petites baies envahies par la mer, les bords de Rance abritent d’agréables villages de pêcheur parfois classés regorgeant de maisons en pierre de caractère. Sans oublier la remarquable cité médiévale de Dinan.

Après avoir exercé onze années dans une grande agence du centre dinannais, Martine Tesnière et Jeanne-Elisabeth Daugan ont créé en 2010 à La Vicomté-sur-Rance (10 minutes au nord-est de Dinan) Armor Invest Immo dans le but de se spécialiser sur les bords de Rance jusqu’aux littoraux malouin et dinardais : « La région nous offre un cadre de vie somptueux entre ville, mer et campagne. Ses adresses comptant parmi les plus beaux villages de France - Taden et Saint-Suliac - ses paysages et reliefs variés, ses nombreuses activités - randonnées, voile, pêche - en font ainsi un secteur plus que jamais convoité ». Quant aux prix de l’immobilier, ils sont plus accessibles que ceux de la côte, inscrivant les bords de Rance dans une intéressante zone de repli : « Sur le segment collectif, ils vont du studio à 30.000 € au loft BBC dans l’hypercentre de Dinan à 320.000 €. Sur le segment individuel, le ticket d’entrée est de 45.000 €, puis les tarifs s’élèvent jusqu’à 700.000 € pour une propriété restaurée disposant d’un grand terrain et d’une vue d’exception sur le fleuve ». Le marché tendrait par ailleurs à se stabiliser. « Nous avons récemment réalisé plusieurs transactions au prix du mandat, mais la tendance reste toujours favorable aux acquéreurs : c’est donc résolument le moment d’acheter ». Les professionnelles sont aussi bien sollicitées par des primo-accédants que par des investisseurs locatifs et des personnes en quête d’une résidence secondaire de charme (Parisiens, Rennais, Anglais…).

Installé à Dinan depuis 2004, William Pillons, gérant de Guy Hoquet L’Immobilier, décrit une offre fournie allant de la maison en pierre typique à la belle propriété en passant par le pavillon en lotissement et le terrain constructible : « Les petites maisons de pêcheur de deux ou trois chambres, particulièrement recherchées, sont souvent mitoyennes, constituant alors de petits hameaux. Certaines ont un cachet incroyable. A titre d’exemple, nous proposons actuellement à Plouër-sur-Rance 100 m2 habitables (trois chambres) en bon état sur 400 m2 de terrain à 165.000 € ». Autres produits très demandés : les maisons en lotissement. « Immédiatement habitables, plus faciles d’entretien et affichant de bien meilleures performances énergétiques, on les trouve dans les communes où l’urbanisation s’est développée. » Dans un lotissement situé à Langrolay-sur-Rance, 110 m2 (quatre chambres) sur plus de 830 m2 de terrain sont ainsi commercialisés 210.000 €. « Ce type d’habitat s’adresse plutôt à une clientèle en résidence principale, alors que les maisons en pierre sont davantage concernées par le secondaire », précise l’agent. Viennent ensuite les demeures de caractère, manoirs et groupements d’habitations avec dépendances : « Vendus entre 800.000 et 1 M €, ces biens d’exception bénéficient de grands volumes et terrain, à l’image de ce manoir du XVIe siècle sis à Saint-Hélen de 800 m2 habitables (25 pièces) sur un parc de 3 ha avec vue Rance aujourd’hui en vente à environ 1 M € ». Enfin, concernant les terrains à bâtir, une trentaine de lots de 450 à 500 m2 établis à 5 minutes des bords du fleuve sont proposés entre 75 et 85 €/m2 viabilisé. Des prix que William Pillons juge en cours de stabilisation après plusieurs années de baisse. « Ils sont devenus plus cohérents avec le marché. »

Stéphane Besrest, natif de Dinan et gérant de Avis Immobilier, agence dinannaise fondée en 2006 couvrant jusqu’à 20 minutes aux alentours (transaction, location, gestion et fonds de commerce), confirme ce rééquilibrage des tarifs : « Une maison en pierre à Langrolay-sur-Rance de 100 m2 habitables sur 500 m2 de terrain est restée en vente à 180.000 € durant un an. Nous venons de la vendre 120.000 € en une semaine. Aussi, il est désormais primordial de fixer le bon prix. Les vendeurs doivent s’adapter au mieux à la capacité des acquéreurs pour espérer des délais de transaction raisonnables ». Autre exemple : une maison également à Langrolay de 150 m2 habitables sur 1200 m2 de terrain avec aperçu Rance et accès au fleuve à pied. « Demeurée sans proposition pendant deux ans car mal estimée, nous lui avons trouvé un acheteur en seulement 24 heures pour 192.000 €. » Certains secteurs sont toutefois moins touchés que d’autres : « Dans le nord de Dinan, à Taden ou encore à Saint-Samson-sur-Rance, les tarifs connaissent moins de réajustements qu’à Plouër-sur-Rance ou Langrolay - plus au nord. De la même manière, les prix des biens en pierre sont globalement plus stables que ceux des maisons des années 1960 à 1980 ou des produits haut de gamme ». Quant au volume de ventes, il ne recule pas : « Les bords de Rance suscitent toujours autant la curiosité, notamment vis-à-vis de Dinard et Saint-Malo ».