Les Cévennes, une double vocation

L’ancien théâtre des guerres de camisards, opposant au XVIIIe siècle protestants et catholiques, attire tantôt résidents principaux tantôt amateurs de villégiatures au soleil. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le parc, sis entre l’Auvergne et le Languedoc, fait les yeux doux aux férus de grands espaces et d’activités de pleine nature.

Cinquante deux communes au sens strict - 117 entités et 41.000 habitants dans la version élargie - composent Les Cévennes, un territoire délimité par les monts de Lozère, au nord et Aigoual, au sud. Alès, Le Vigan, Ganges, Saint-Hippolyte-du-Fort, Sauve, Saint-Jean-du-Gard et Anduze figurent parmi celles-ci. Jules Michelet évoque avec justesse un paysage typique : « les Cévennes offrent un roc, rien que le roc, les schistes tranchants... Vous sentez la lutte de l’homme, son travail opiniâtre, prodigieux contre la nature ».

Basé à Saint-Hippolyte-du-Fort et Sauve, Christophe Thuet des Calades du Sud rayonne dans le Piémont cévenole, à 45 mn de route de Montpellier et de Nîmes. Mue par des tarifs attractifs, la moitié des acheteurs s’y installe à l’année et exerce au sein des capitales héraultaise et gardoise. A titre d’exemple, le foncier à bâtir se négocie 100 €/m2, alors qu’il coûte 300 €/m2 aux portes de la préfecture du 34. Le secteur est parfaitement pourvu en commerces, services et établissements scolaires jusqu’au lycée. Ganges et Quissac possèdent toutes les infrastructures nécessaires au quotidien. La plupart cible des maisons de 140 m2 sur des parcelles de 2000 m2, commercialisées entre 200.000 et 300.000 €. L’autre moitié alimente le marché de la résidence secondaire. Les intéressés, sensibles à la facilité et à la rapidité d’accès via le TGV, arrivent de Paris, voire d’Angleterre, un pays à nouveau représenté dans les tablettes. Récemment, cette maison de village de 180 m2, décorée avec goût, privée d’extérieur mais dotée d’une jolie vue sur le village médiéval de Sauve, trouve preneurs moyennant 315.000 € auprès de Britanniques, tandis qu’une Francilienne paie 130.000 € un mas de hameau de 70 m2, sur un terrain de 3000 m2, à agrandir et à rénover. Tous apprécient la région entre mer et montagnes et la randonnée pédestre.

« Le Vigan, à 1h00 de Montpellier, plaît particulièrement aux résidents occasionnels, aussi susceptibles de briguer une maison de village de 100 m2, ouverte sur un petit espace en plein air, à 100-150.000 €, que le fameux mas cévenole de 200-300 m2, dans un domaine de plusieurs hectares, entre 250.000 et 400.000 € », constatent Béatrice Stéfanoni et Cindy Vayssettes d’Immobilier Nature, établies à Ganges. Actuellement, les négociations vont bon train et la baisse de prix se confirme. Le recours au prêt bancaire campe souvent un frein à la fluidité de l’activité. Parmi les dernières transactions, la spécialiste cite une construction en pierres de 70 m2 en bon état sur 800 m2 vers Madières dans la vallée de la Vis, obtenue moyennant 80.000 € par un ressortissant de Loire-Atlantique. Des actifs de Montpellier, désireux d’opérer un retour aux sources, déboursent, ensuite, 220.000 € contre une unité individuelle de 94 m2 sur 1000 m2, à 2 mn de Ganges. Enfin, une petite villa de 65 m2 sur 400 m2 à Cazilhac part à 120.000 €.

« Sur la rivière le Gardon, en contrebas d’un massif, Anduze conserve les traces architecturales de la seigneurie du Xe siècle. Au XIIIe, la sériculture est prospère, lorsque les XVIe et XVIIe font la part belle au protestantisme. Aujourd’hui réputé pour sa bambouseraie et ses poteries, le pôle touristique draine un flux démographique constant et des pics de fréquentation à Pâques, en juillet et en août », décrit Nicole Renvier-Cros de Terres des Cévennes. La professionnelle note un regain d’intérêt pour le gîte et la maison d’hôtes. Au regard des quinquagénaires, généralement riches d’une enveloppe de 400-700.000 €, la configuration est synonyme d’une retraite active et d’un complément de revenus. Cette bâtisse et ses quatre chambres d’hôtes, prolongées par un jardin botanique orienté sur les Cévennes - 450 m2 sur 4600 m2 - avoisine 625.000 €. Sur cinq signatures, trois relèvent de l’usage secondaire dans des budgets de 250-400.000 €, deux du principal sur la gamme 200-300.000 €. Les retraités du nord de la France, voire de l’Europe, plébiscitent l’adresse, se mêlant aux jeunes ménages capables d’injecter dans leur logement jusqu’à 220.000 €. Ils tablent sur des surfaces habitables de 100-120 m2, suffisantes pour recevoir la famille, sur des parcelles restreintes, afin d’éviter des contraintes et des frais d’entretien, dans un environnement tranquille et verdoyant, non loin des commodités. Cette villa de plain-pied de 130 m2 et son extérieur de 642 m2, affichés à 222.600 €, attirent justement l’attention des seniors en mal de soleil. Nicole Renvier-Cros regrette les prix présentés, rarement en phase avec les moyens financiers des autochtones. « De ce point de vue, un effort sérieux reste à fournir », conclut-elle.

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