Annemasse, baromètre du marché frontalier

La ville de près de 31.300 habitants s’anime en Haute-Savoie, à la frontière franco-suisse, au sud-ouest du lac Léman. Edifiée à 2 km du canton de Genève et à l’entrée de la vallée de l’Arve, elle relève de la communauté d’agglomération Annemasse-Les Voirons.

Depuis une année, l’agglomération annemassienne est témoin d’une baisse générale de ses prix. Cette tendance est due à la récupération tardive de la crise économique hexagonale, la proximité avec la Suisse ayant retardé son impact sur ce secteur florissant. Autre raison, les frontaliers sont nombreux à se rapatrier afin de s’assurer sous la couverture maladie universelle et contracter une complémentaire santé privée, entrainant une baisse de leur pouvoir d’achat. Enfin, le vote du référendum le 9 février dernier contre l’immigration a un introduit un contingentement frappant l’ensemble des ressortissants non Suisses, puisque désormais la priorité absolue est donné aux Helvètes sur le marché du travail, ce qui favorise un climat d’incertitude pour les acquéreurs de la région d’Annemasse qui sont à 80% frontaliers.

« La plupart de nos clients en sont à leur deuxième acquisition ; malgré ce ralentissement il y a toujours beaucoup de mouvements, la région demeure dynamique. Et nombreux sont également les jeunes actifs en quête de leur première acquisition » souligne Marine Milleret de Home L’Agence qui a ouvert ses portes en mai 2012 au cœur de Ville-la-Grand et dont la zone de chalandise s’étend du bas Chablais au Genevois, avec l’agglomération annemassienne comme principal marché. Les budgets les plus fréquents ? « Entre 200.000 et 220.000 € pour un appartement T3, et 400.000 à 450.000 € pour une maison. Pour ces dernières, les acquéreurs ont revu leurs exigences à la baisse concernant la superficie. Les recherches de petits produits de 85 à 90 m2 ont augmenté » précise la professionnelle. Toutefois ce sont les appartements qui sont le plus recherchés. Proposés aux alentours de 3500 €/m2, ils sont plus accessibles que les villas - affichées plutôt autour de 4200 €/m2. « Certains produits de caractère sortent du lot, à l’image de cet exceptionnel loft contemporain de 140 m2 sur la commune d’Etrembières, proposé à 499.000 € ».

Ce constat général est partagé par Jean-Charles Renaut, conseiller commercial au sein de Bouvet Cartier Immobilier installée à Annemasse et couvrant l’ensemble de l’agglomération, incluant Gaillard, Ambilly, Ville-la-Grand… Ici, la demande la plus fréquente concerne les appartements. Les petites surfaces : studios et T1 intéressent les investisseurs en vue d’un rendement locatif, et les T3, les actifs locaux, frontaliers pour la plupart, attirés par les quartiers tels que Gaillard Ambilly pour leur proximité avec les réseaux de transports les menant rapidement à Genève. « En effet, de nombreux acquéreurs potentiels revoient leur budgets à la baisse et prennent davantage leur temps avant de concrétiser leur désir d’acquisition ». Les produits en excellent état tirent leur épingle du jeu. Ils se vendent facilement, à l’image de ce T3 refait à neuf qui, affiché à 259.000 €, s’est vendu 250.000 €, faisant l’objet d’un véritable coup de cœur ; ou encore de ce studio vendu 94.000 € à Ville-la-Grand, que le nouvel acquéreur n’a visité que deux fois avant de s’engager. « En parfait état, au sein d’une résidence de bon standing, il incarne le style de produit qui se vend rapidement sans véritables négociations » explique le spécialiste. Un studio de ce type, pourra facilement se louer à un étudiant du Conservatoire de Genève ou d’une autre grande école autour de 500 € mensuels hors charge, voire 550 € s’il est joliment décoré.