Arcachon et le Pyla-sur-Mer

Si la vocation balnéaire est le dénominateur commun des deux destinations girondines des Landes de Gascogne, elles entretiennent chacune leurs particularités. Direction le bassin le plus couru du sud-ouest de la France…

Enclavée dans la commune de La Teste-de-Buch, Arcachon, 11.670 habitants, abrite les quartiers dits des quatre Villes, d’Hiver, de Printemps, d’Eté et d’Automne, complétés par L’Aiguillon, Les Abatilles et Le Moulleau. Dès 1841, la ligne de chemin de fer établit la jonction entre Bordeaux et La Teste. Un débarcadère voit le jour sur Arcachon, tandis que les premières villas sortent de terre. Thalasso, climatothérapie et, plus tard, thermalisme… Décidément, la santé constitue un axe de développement majeur. En mai 1957, la bourgade obtient son indépendance sur La Teste. Les frères Pereire, décidés à la transformer en site portuaire et commercial, prolongent la voie ferrée jusqu’à son centre. Les arènes attirent déjà les amateurs de courses landaises. Et c’est encore la villégiature qui semble faire des émules. Les frères revoient leur copie, édifiant la Ville d’Hiver et le casino sur la plage. Sur une dune arborée, le casino Mauresque, inspiré de l’architecture de l’Alhambra à Grenade et de la mosquée de Cordoue, détruit en 1977 par le feu, lui tient bientôt la dragée haute. De nombreuses bâtisses de la Ville d’Hiver sont, aujourd’hui, classées. En témoigne l’allée Faust. L’économie repose sur trois pôles d’activités : l’ostréiculture, le tourisme et l’industrie papetière. Parcourue par de nombreuses pistes cyclables, la localité, réputée pour son Ile aux Oiseaux et ses cabanes tchanquées, s’inscrit comme le deuxième port de plaisance de l’Atlantique. Le Pyla-sur-Mer, où se dresse la plus haute dune d’Europe, se trouve à l’entrée du bassin. Le banc d’Arguin et la réserve ornithologique, la forêt et les plages océanes, baptisées Petit Nice, Lagune et Salie, restent ses fers de lance. Le 13 novembre 1913, Daniel Meller échange avec l’Etat 463 ha de terrain contre 143 ha d’espaces boisés sis entre Le Moulleau et la dune des Sabloneys. Le 02 avril 1917, les termes de la SCI du Pyla-sur-Mer sont rendus publics annonçant clairement le projet de construction d’une ville dans la forêt. Onze ans plus tard, Louis Gaume conçoit le quartier de Pilat-Plage à l’architecture d’obédience basque.

« 60-70 % des acquéreurs visent l’usage secondaire. Pourvus d’un budget compris entre 200.000 et 500.000 €, ils s’intéressent à cet appartement de 30 m2 en première ligne de Pereire jouissant d’un accès direct à la plage, à 215.000 €, ou à cette arcachonnaise rénovée de 80 m2 dans la Ville d’Eté, partie à 455.000 € », débute Clémence Hofman d’Era Arcachon. Au-dessus, la demande se révèle moins fréquente. De manière générale, les intéressés, majoritairement bordelais et parisiens, commencent par un pied-à-terre avant de s’offrir un bien plus généreux en matière de surfaces et de prestations. Très souvent, ils paient comptant et refusent de recourir au crédit. D’où le fréquent manque d’adéquation entre les budgets requis et ceux investis. Tous recherchent un accès pédestre à la plage et aux commerces. Les résidents à l’année, des gens du cru ou des ressortissants d’Ile-de-France et de Gironde à la retraite, injectent dans leur logement 600-800.000 €. Parmi les dernières transactions, la professionnelle évoque une maison de ville de l’hyper-centre, 135 m2 habitables prolongés par des terrasses et un garage, à 615.000 €. La fourchette haute correspond à 200 m2 sur deux niveaux, accompagnés d’une parcelle de 1000 m2 en moyenne. La Ville d’Eté doit, en partie, son succès à la proximité de la gare et à l’embellissement urbain particulièrement bien mené. Quant aux amateurs d’espace et de nature, ils prennent la direction du Moulleau et de Pereire, voire des Abatilles qui a le mérite de proposer des tarifs légèrement inférieurs. Le véritable pied dans l’eau tourne autour de 10.000 €/m2, à condition d’associer à la situation idyllique une réelle qualité de bâti.

« Dans le prolongement direct du Moulleau, Le Pyla est un micromarché, une niche plébiscitée par les Franciliens, sous le charme de l’harmonieux cocktail de forêt, de sable et d’eau. La mer intérieure rend aisée la navigation. Point d’immeuble, pas plus d’insécurité et de nuisances sonores », décrit Christophe Vaissié de L’Etude Immobilière du Pyla. Fréquemment, les acheteurs choisissent un lieu de villégiature dans l’idée de multiplier les séjours avant d’opter pour une installation à plein temps. L’inauguration de la ligne à grande vitesse (LGV) devrait placer Paris à 2h30 de Bordeaux, elle-même à 45 mn de voiture ou de train du bassin. A l’heure actuelle, les acheteurs ont entre 50 et 70 ans, mais avec le désenclavement géographique de la zone et les moyens mis en place pour favoriser le télétravail, l’adresse peut espérer un afflux démographique. La plupart ciblent Super-Pyla, autrement dit les hauteurs ensoleillées derrière le front de mer, orientées sud-ouest sur le bassin, un terrain de 1000 m2 et 160-200 m2 à vivre, commercialisés de 850.000 à 1,5 M € selon l’âge de construction et le niveau de rénovation. L’effet rareté contribue au maintien des valeurs. Une maison remplissant tous les critères se vend sous deux mois, alors que l’entrée de gamme suscite un engouement moindre. Les prix sont comparables aux tarifs pratiqués au Moulleau. L’endroit, moins urbanisé que le littoral basque, séduit aussi les déçus de la Côte d’Azur. Les autorités publiques ont su gérer le tourisme, à l’instar du développement.