L’attrait des Cévennes

Situé entre l’Auvergne et le Languedoc, à cheval sur les départements de la Lozère et du Gard, le parc national, créé en 1970, arbore 91.279 ha et 52 communes, 229.726 ha et 117 localités au sens large, soit 41.000 habitants au total. Le secteur de moyenne montagne s’anime entre les monts Lozère, au nord et Aigoual, au sud.

Jadis théâtre des guerres de camisards au cours desquelles s’affrontent, au début du XVIIIe siècle, protestants et catholiques, le parc se voit inscrit le 28 juin dernier au patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre montagnes et vallées encaissées, Alès, Le Vigan, Ganges, Saint-Hippolyte-du-Fort, Sauve, Saint-Jean-du-Gard et Anduze restent les principales villes. L’économie est essentiellement tournée vers le tourisme vert, l’agriculture et l’élevage. « Les Cévennes offrent un roc, rien que le roc, les schistes tranchants… Vous sentez la lutte de l’homme, son travail opiniâtre, prodigieux contre la nature », écrit Jules Michelet. Edifiée au pied du massif, sur la rivière le Gardon, Anduze, puissante seigneurie au Xe siècle, berceau de la sériculture au XIIIe et centre du protestantisme cévenole aux XVIe et XVIIe, est réputée pour son château et ses poteries.

Nicole Renvier de Terres des Cévennes rayonne justement d’Anduze à Quissac, où elle possède deux agences, en passant par une multitude de villages authentiques et préservés. Très souvent, la clientèle originaire d’Ile de France ou de Belgique achète en résidence secondaire avec l’intention de s’installer définitivement au moment de la retraite. Elle vient rarement par hasard, possède un point d’ancrage dans la région, famille ou amis, ou au moins des habitudes de vacances. L’essentiel de l’activité se concentre, actuellement, sur la gamme 300-450.000 €. De jeunes Franciliens viennent de débourser 430.000 € en échange d’une maison en pierres rénovée sur un terrain de 1400 m2 situé au sein d’un bourg. La présence d’un extérieur et la perspective de plages de détente, face au soleil du sud, s’avèrent indispensables. Le clé en main rassure d’ailleurs ces acquéreurs basés loin du massif. Un Belge brigue, ensuite, en prévision de ses vieux jours, 150 m2 habitables, ouverts sur un jardin agrémenté d’une piscine, moyennant 350.000 €, tandis qu’un expatrié, désireux de revenir dans l’Hexagone, règle 275.000 € contre une référence quasi équivalente. La superficie moindre justifie la différence de prix ; la proximité de Montpellier apparaît comme le critère déterminant. Enfin, deux professions libérales paient 750.000 € un mas de 370 m2 à la décoration contemporaine, sur un terrain de 1200 m2 rehaussé d’un plan d’eau. Le rapprochement familial constitue l’une de leur motivation.

Yann Vojtéra de Côté Soleil Immobilier considère les Cévennes gardoises comme le marché de report de l’Uzège, son territoire de prédilection. « A prestations équivalentes, les tarifs pratiqués sont moins élevés. Sans oublier le désenclavement progressif de l’adresse, rendu possible par la construction de routes. Peu à peu, les trajets entre une cité comme Anduze et Nîmes, voire Montpellier, diminuent. Aujourd’hui, 40 mn suffisent à rallier les préfectures du 30 et du 34. » Le professionnel cible délibérément les biens haut de gamme pour lesquels il observe un glissement de l’usage secondaire vers le principal. Dans ses tablettes figurent un château de 700 m2 en bon état, élevé durant le XIIe siècle aux portes de l’ancienne capitale de la soie sur un terrain de 2 ha, à 1.785.000 € ; une ancienne magnanerie de 260 m2, sur 6 ha face au mont Bouquet, à 995.000 € ou encore une bastide cévenole de 800 m2, au milieu de 133 ha de bois sur les hauteurs de Saint-Jean-du-Gard, à 2.750.000 €. Les acquéreurs potentiels approchent, généralement, de la retraite et se révèlent essentiellement français, même si Belges et Britanniques continuent à s’intéresser à la région.