Les Chartrons, une adresse résolument branchée
Par Laetitia Rossi - 20 décembre 2012
Le site doit son nom au couvent des Chartreux. En 1804, le peintre Lacour interprète avec talent l’atmosphère si particulière des Chartrons du XIXe : les riches négociants en vin, anglais ou nord-européens, croisent marins et manœuvres. Deux siècles plus tard, l’enclave, embellie, séduit Bordelais et mutés en quête de biens atypiques.
Ateliers et galeries d’art, boutiques de décoration et de mode, bars, restaurants et commerces de bouche se succèdent sur les bords de la Garonne. Reliés au centre bordelais par les cours de Verdun et Xavier-Arnozan, grâce à l’intervention de l’intendant Tourny au XVIIIe siècle, les Chartrons vivent d’abord du vin avant de se spécialiser dans les métiers d’art. La rénovation des quais et la création de la ligne B du tramway justifient l’engouement. Une convoitise nouvelle qui rejaillit sur les prix immobiliers.
« Les Chartons profitent d’une accessibilité directe à la rocade et d’une proximité de l’hyper-centre. Les quais invitent à la balade, tandis que le quartier, parfaitement desservi par les transports en commun, conserve un esprit village. Les commerces et les restaurants participent de l’animation quotidienne », décrivent Isabelle Drake et Nathalie Barbeyron de Log’Immo. La majorité, pourvue d’un budget de 300-400.000 € cherche une maison en pierres, un minimum de trois chambres et un extérieur. L’échoppe à remettre au goût du jour se révèle aussi prisée que rare. Contemporains et lumineux, les entrepôts et les chais, transformés en habitations, remportent un franc succès. L’un d’entre eux - 200 m2 pourvus d’une terrasse et d’un garage - vient de quitter les fichiers à légèrement plus de 600.000 €. Dans la gamme, la demande est soutenue. Reste à trouver les références conformes aux souhaits des acquéreurs. De l’autre côté du cours du Médoc, Saint-Martial et Bacalan offrent des solutions de repli à des tarifs nettement inférieurs. L’ouverture imminente du pont devrait susciter l’intérêt des actifs de la rive droite. Parmi les dernières signatures orchestrées par Log’Immo figurent une maison de 200 m2, dotée d’un grand garage et d’une vaste terrasse, à 660.000 €, un duplex de 140 m2 en bon état, prolongé par une verrière, à 385.000 € et un deux-pièces de 40 m2 au rez-de-chaussée d’une résidence récente, à 131.000 €. Les deux premiers sont employés comme résidences principales ; le troisième accueille une profession libérale. Un investisseur acquiert, enfin, à 470.000 €, un immeuble loué, composé d’un studio, de deux T2 et d’un T3, décidé à jouir d’une rentabilité de 6 %.
« En pleine mutation depuis une décennie, Les Chartrons restent dynamiques malgré le contexte économique international. Sis à 10-15 mn de marche du cœur bordelais, le secteur ultra branché fait l’objet d’un véritable embellissement urbain. En témoigne la rue Notre-Dame, en passe de devenir une artère phare », poursuit Cédric Fourteau d’Ateliers Lofts & Associés. Le charme réside aussi dans l’hétérogénéité du parc immobilier. Il est des voies sombres, étroites et contraignantes et d’autres, réellement bien aménagées. Les références atypiques, entrepôts, chais et ateliers, attirent différentes populations. Des architectes paient 820.000 € un entrepôt de 1000 m2 sur deux niveaux dans l’optique d’en dégager quatre lofts. Il s’agit de prévoir un coût de réorientation du bâti de l’ordre de 1500 €/m2, un montant variable en fonction des prestations. Des mutés s’offrent, ensuite, un loft de 200 m2 en parfait état, une généreuse terrasse sans vis-à-vis et un garage, moyennant 950.000 € sur Notre-Dame. Parallèlement, un jeune Bordelais s’acquitte de 345.000 € en échange d’anciens combles de 90 m2 avec espace en plein air revisités. Le spécialiste note l’arrivée d’une nouvelle catégorie de propriétaires, issue des quartiers élégants, à l’instar de Caudéran ou du Bouscat. Décidemment, Les Chartons redorent leur blason sans perdre leur âme. Tous veulent s’essayer à un mode de vie urbain et animé. Le patrimoine industriel et marchand des négociants en vins renaît de ses cendres pour les accueillir.