Megève, une station à la française

Le destin de l’authentique village du canton de Sallanches change radicalement dans les années 1910 : la famille Rothschild entend doter la destination des atouts nécessaires à la concurrence de Saint-Moritz. Un siècle plus tard, la belle de Haute-Savoie, une station d’hiver et d’été désormais internationale, n’a plus rien à envier à la très chic suisse.

Enserré entre le Mont-Joly et Rochebrune, Megève accueille 3900 habitants. Le Mont d’Arbois forme un belvédère sur le Mont-Blanc. L’aéroport de Genève s’anime à 70 km, la gare de Sallanches, à 14 km. Sur 9150 logements comptabilisés, 77 % sont des résidences secondaires, 21 %, des constructions individuelles. Le domaine Evasion Mont Blanc arbore 445 km de pistes et 107 remontées mécaniques, répartis entre Megève, Saint-Gervais-les-Bains, Combloux, La Giettaz, Cordon et Saint-Nicolas-de-Véroce. Un espace qui pourrait se voir agrandi prochainement. Des ski-bus parcourent gratuitement le site de décembre à mars. Si les deux écoles et les deux collèges facilitent le quotidien des autochtones, le Palais des Sports avec ses piscines et sa patinoire olympique, le parc aventure et les différents courts de tennis assurent le divertissement familial. Les plus grands apprécient le casino et les bonnes tables, dont le Flocon de Sel et la cuisine du triple étoilé au Guide Michelin, Emmanuel Renaut.

« Le marché fonctionne véritablement en dent de scie. Si chaque mois des ventes se concrétisent, il est difficile pour les professionnels d’en tirer le moindre enseignement ou de s’avancer sur les prochaines semaines », débute Emmanuel Boan de Boan Immobilier. Parmi les dernières signatures figurent un appartement traditionnel de 65 m2 proche du centre, à 542.000 €, un autre de 140 m2 sur Rochebrune, à 995.000 € et un chalet aux finitions contemporaines de 300 m2, sur une parcelle de 4000 m2 face au Mont-Blanc, dans la commune de Saint-Gervais, qu’un couple de financiers hexagonaux se montre prêt à acquérir moyennant 2,8 M €, bien décidé à l’occuper à l’année. Le développement du télétravail et la proximité de l’aéroport de Genève permettent à cette clientèle particulière de privilégier la qualité de vie en montagne à l’agitation des grandes capitales européennes. Saint-Gervais, édifiée à 10-15 mn de Megève, offre un bâti prisé à des prix inférieurs de 40-50 %, une aubaine en ces temps d’incertitude économique. La vallée propose des solutions de logement aux locaux. Cet été, l’enseigne orchestre la vente de deux chalets à des actifs du cru, toujours sur Saint-Gervais, à respectivement 450.000 et 650.000 €. Combloux remporte aussi un franc succès, malgré des tarifs relativement élevés, formant avec le précédent, Praz-sur-Arly et Cordon, les zones satellites de la perle de Haute-Savoie. Actuellement, la demande est bipolaire : elle porte sur le produit traditionnel collectif ou individuel sous la barre des 2 M € ou le segment haut de gamme à partir de 5 M €, sur lequel se positionnent les ressortissants du bassin genevois, d’Angleterre ou d’Europe de l’Est. Les acheteurs et les vendeurs sont moins nombreux. Un constat à rapprocher des récentes évolutions fiscales. Les prix se maintiennent et le secteur se révèle, avec plus de vingt agences sur site sans oublier les connexions étrangères, ultra concurrentiel. Sur l’exercice 2011-2012, 60 % de Français côtoient 25 % de Suisses et 15 % d’Anglais, d’Italiens, d’habitants du Benelux et d’Européens de l’Est. Tous apprécient l’âme mégevanne, une authenticité que la course au prestige n’a pas écornée. L’un des secrets de cette réussite réside dans l’attachement des familles et plus particulièrement des enfants.

« Le volume des ventes recule. Depuis janvier dernier, aucun programme d’appartements ne voit le jour. L’intérêt des clients concerne essentiellement les copropriétés du centre, de 7000 à 12.000 €/m2 dans l’ancien, autour de 15.000 €/m2 au sein des bâtiments neufs et le chalet entre 5 et 8 M €, de 250 à 500 m2 sur des terrains de 1000 à 3000 m2 », commente André Soun de l’Agence Cristal. L’instabilité fiscale contribue à l’attentisme ambiant. Il convient de distinguer le résident principal, qui descend souvent dans la vallée afin de bénéficier d’un ratio d’environ 3000 €/m2, du secondaire, attiré par le charme de Megève. Praz-sur-Arly, à 5000-6000 €/m2 en moyenne, reste une alternative aux coûts élevés de la station phare. Sur le plateau, elle bénéficie d’un ensoleillement optimum. Abstraction faite du contexte tendu, Megève demeure un placement patrimonial, sûr et pérenne, plébiscité par les familles. Transmission et fidélité sont les maîtres mots de la clientèle. Les vacances dans le chaleureux village s’inscrivent comme une tradition, un rituel affectif perpétué de génération en génération.