Saint-Nazaire : un vent de renouveau

La cité bretonne du massif armoricain, traditionnellement axée sur les activités portuaires et les industries aéronautique et navale, redore son blason. Les quartiers se font une beauté, alors que la 2e agglomération du département, 4e de la région, se dote d’infrastructures culturelles, d’accueil et de loisirs.

Située en lisière du parc naturel régional de Brière sur la rive droite de la Loire, à 50 km à l’ouest de Nantes, Saint-Nazaire abrite 66.350 habitants, 153.000 dans l’unité urbaine. 5000 étudiants sont inscrits au campus universitaire. La municipalité envisage de repositionner le territoire urbain sur son axe historique, autrement dit vers le port. L’environnement immédiat de la gare se transforme progressivement en quartier d’affaires, lorsque l’ouest de la ville fait l’objet d’une requalification massive.

« Le bus électrique Hélyce, mis en place en septembre dernier, encourage le recours au transport en commun et révolutionne l’appréhension de la commune. 6 mn suffisent à rallier la mairie depuis la gare et 15 mn pour la Cité Sanitaire au départ du centre. Sur le tracé, les rénovations vont bon train. La distinction de trois sous-ensembles, Ville-Gare, Ville-Port et Ville-Ouest, en dit long sur l’ambitieux projet », indiquent Muriel Mazeau et Lizzie Fouilhoux de Mazeau Immobilier. Les autochtones assistent à la renaissance de Ville Ouest. Avant 2008, l’enclave compte 95 % de logements sociaux, contre la moitié prévue à terme. 600 lots ont été détruits, 1400, réhabilités et 1000 habitations privées et libres, construites. Le potentiel ne fait aucun doute. La mer se trouve à 800 mètres, quand la Cité Sanitaire développe 93.000 m2 de plancher et 800 lits. Le pôle santé, entièrement repensé, s’inscrit comme un pourvoyeur d’emplois et de populations. L’impact est facilement vérifiable sur le front du locatif. « Les Allées du Chêne », un programme en cours de livraison à L’Immaculée, accueillera ses premiers locataires en janvier 2013. Le tiers travaille à l’hôpital. Ville-Port s’articule autour du centre commercial Le Ruban Bleu. L’inauguration du théâtre de 830 places en octobre dernier témoigne du dynamisme culturel de Saint-Nazaire. 13.000 m2 de bureaux et un parking de 300 places voient le jour à Ville-Gare. Certains acquéreurs travaillent même sur Nantes, accessible par la voie ferrée en 25 mn seulement. L’aéroport de Nantes Atlantique, attendu pour 2017, pourrait, enfin, influer positivement sur la croissance économique. 800 personnes devraient s’activer sur le chantier, 2500-3000 dès le début de l’exploitation. Chaque année, 9 M de passagers devraient fouler son sol. L’ouverture de la région à l’international est imminente. Les primo-accédants sont moins nombreux que par le passé, à l’instar des investisseurs qui ne sautent le pas qu’à condition de bénéficier d’une réelle rentabilité. A contrario, les retraités des autres départements découvrent la localité en pleine mutation. Ils commencent par apprécier la situation géographique, à 3h00 de TGV de Paris et quelques minutes des plages de Pornichet, La Baule ou Saint-Brévin. Saint-Nazaire propose des beaux trois-pièces en front de mer à moins de 250.000 € et des maisons de cinq chambres toute proches de l’eau à 450.000 €, un budget rarement atteint in situ. Si 300.000 € constituent la barrière symbolique sur le segment individuel, la grille tarifaire se révèle réellement attractive. Parmi les dernières transactions, les spécialistes décrivent une unité de lotissement de moins d’une décennie - 110 m2 sur une parcelle de 350 m2 - à 235.000 €, un appartement T4 de 106 m2 avec garage et balcon quartier de l’Hôtel de Ville, à 230.000 €, un T3/4 orienté sur la mer au 6e étage d’une grande résidence des années 1970, à 227.000 € et une construction neuve BBC de 80 m2 sur un terrain de 323 m2, à 189.000 €. En s’éloignant légèrement du centre, les jeunes accédants obtiennent un rapport qualité/prix satisfaisant.

David Meheust de Thierry Immobilier note un recul de prix de 15-20 % dans les bâtiments d’après-guerre, mal isolés et privés d’ascenseur et de garage. La diminution concerne également le neuf, soumis à un déséquilibre entre l’offre pléthorique et la demande. Fatalement, l’ancien entre en concurrence et se retrouve contraint à un réajustement à la baisse, au même titre que la « nantaise », avec son fameux séjour au premier étage. Le vendeur, pour mener son projet de cession à bien, doit impérativement revoir ses prétentions à la baisse. Le changement radical de la physionomie urbaine laisse augurer d’un avenir heureux. Le professionnel regrette la fermeture de commerces dans le cœur urbain et la disparition d’enseignes au profit de la périphérie. Saint-Nazaire peut être considérée comme un marché de report de Nantes. Une maison de trois chambres des années 1960 et 1970 vaut 200.000 € dans la première et 300.000 € au sein de la préfecture de Loire-Atlantique. L’enjeu des prochains exercices tient à la gestion de la transition dans un contexte relativement tendu. Un pari d’avenir… teinté d’optimisme.